Pilote et Dirigeant

marketing men Aux Etats Unis, nous avons parfois entendu à quel point l'aviation est bonne pour les affaires, et une grande partie de ce postulat est centrée sur la façon dont les entreprises, celles qui utilisent des avions privés pour se déplacer, battent régulièrement leurs concurrents. Mais qu'en est-il des PDG qui volent parce qu'ils aiment tout simplement … voler?

Il y a maintenant des preuves tangibles que ces dirigeants sont plus performants dans une salle de conférence et sur le résultat net de l'entreprise, non pas en dépit de mais en raison de leur affinité pour l'aviation.

Une étude détaillée montre que les dirigeants pilotes réussissent mieux que leurs homologues non volants dans tous les paramètres clés, y compris la gestion des risques et la volonté de favoriser l'innovation. Des exemples existent depuis des décennies, du légendaire Howard Hughes au PDG d'Oracle Larry Ellison. Mais il y a aussi des études pour le confirmer, dont deux distinctes publiées ces dernières années qui ont révélé que les pilotes PDG ont surpassé leurs pairs « non volants ».

Dans l'étude publiée dans le Journal of Financial and Quantitative Analysis en 2016, les chercheurs Matthew Cain et Stephen McKeon ont évalué la performance de 179 pilotes PDG par rapport à une cohorte de 2 900 PDG non pilotes de 1992 à 2009. Ils ont découvert en partie que les pilotes PDG ont atteint des niveaux élevés de résultats dans les entreprises qu'ils dirigent, en particulier grâce à une prise de risques plus prononcée.

Lorsque nous analysons l'effet des PDG pilotes sur le risque global de l'entreprise, la prise de risque au niveau personnel va au-delà de la motivation du dirigeant créée par sa rémunération. Cain et McKeon ont fait des constats complémentaires : «Les PDG - pilotes sont nettement plus enclin à faire des acquisitions. Plus important encore, nous constatons qu'une part substantielle de l'augmentation des résultats s'explique par l'activité d'acquisition des entreprises dirigées par ces patrons pilotes.

Ceci s'explique par la prise de risque rencontrée généralement lors des processus d'acquisition. Les PDG pilotes sont généralement plus judicieux dans leurs choix que les non pilotes, et ont tendance à réaliser des acquisitions de cibles plus petites que celles de leurs entreprises. Les recherches ont également montré que les dirigeants pilotes ont des rémunérations plus fortement liées aux performances (actions, valorisation, …).

Une autre étude publiée en 2017 dans le Journal of Financial Economics par les chercheurs Jayanthi Sunder, Shyam Sunder et Jingjing Zhang a conclu que le «passe-temps des pilotes PDG à piloter des avions est associé à des résultats d'innovation nettement meilleurs, mesurés par les nombres de brevets et de publications et des brevets plus divers et originaux.

Nous pourrions parler d'autres raisons, comme la recherche de sensations fortes. Ces études mettent en évidence la recherche de sensations comme un trait de personnalité caractéristique. Ceci peut être utilisé pour identifier les dirigeants susceptibles de favoriser l'innovation. Ces chercheurs ont constaté que les pilotes sont aussi associés à de meilleurs résultats en matière d'innovation et que les entreprises ayant des PDG pilotes poursuivent des activités plus diversifiées.

https://www.strategy-business.com/blog/Your-Next-Corporate-Leader-Should-Have-a-Pilots-License?gko=128d3

Les projets d'innovation originaux et leurs brevets génèrent des réactions positives de hausse sur les marchés financiers, qui ont été remarquables en particulier autour de la date de délivrance du brevet. De manière significative, ils ont noté que la personnalité du pilote va au-delà de la prise de risque, s'agissant d'une motivation intrinsèque des patrons pilotes peut être plus efficaces que leurs pairs non pilotes. Ils ont aussi noté que les entreprises dirigées par des pilotes ont une plus forte dynamique capitalistique.

Sunder et ses collègues ont également constaté que les pilotes PDG ont tendance à gravir les échelons de l'entreprise plus rapidement et sont moins susceptibles d'avoir fréquenté des très grandes écoles. Ils sont généralement plus jeunes, plus susceptibles de détenir un diplôme d'ingénieur, voire posséder une expérience militaire.

L'étude (réalisée entre 1993 et 2003) révèle également où se trouvent ces patrons pilotes : 22% dans le secteur énergie, 10% dans les biens d'équipement, 8% dans le manufacturing, 6% les biens non durables, 6% les télécommunications et 5% les soins et la santé. La plupart des pilotes PDG que Cain et McKeon ont analysés avaient tendance à voler pour le loisir plutôt que pour des raisons professionnelles. Sunder et ses collègues ont constaté que la moitié des pilotes PDG n'avaient pas de qualification IFR de vol aux instruments et que 82% étaient situés dans les principales régions métropolitaines américaines.

Mais peu importe la raison pour laquelle ces dirigeants volent, il n'y a aucun doute avec les résultats générés. C'est bon pour le business !

Données tirées d'un article de la revue Plane & Pilot (2018)

 

“When everything seems to be going against you, remember that the airplane takes off against the wind, not with it. - Henry Ford”